mercredi 10 juin 2015

Forza Correzica

Au cours du mois d'avril quelques grimpeurs brivistes se plaignaient
d'un mal inhabituel.

Des symptômes caractéristiques apparurent : lassitude vis-à-vis du calcaire, ennui à l'idée de retourner dans le Tarn, désintérêt manifeste pour l'Espingouïe et ses bières à 1 €, Siurana et Riglos laissaient de marbre.


Même Cornil avec son approche rapide, évidente et agréable ne les enchantait plus comme avant...


L’ordonnance du Professeur Quentin fut radicale : Ttripotage de caillou corse sur plusieurs longueurs, matin, midi et soir pendant 8 jours.




Voilà donc l'équipe ci-dessus (de gauche à droite : Bertrand, Chris, Nicolas, et Nico) en "pinzutus" (touristes) grimpeurs.
Une sortie placée sous le signe de l'ouverture et du social puisque les trois curistes de Brive accueillaient un spécimen du Tulle Grimpe : Nicolas.

Au programme 2 étapes : le rocher des Gozzi près d'Ajaccio et Bavella près de … ? Près de Bavella !

Arrivée le samedi et découverte du granit des Gozzi, de son adhérence et des tafonis.
Nico et Bertrand commettent un « péché véniel » superbe et en ressortent ravis alors que Nicolas et moi nous engageons dans la voie des ramoneurs (la bien nommée) et... en ressortons !

Nico dans Péché véniel

Nicolas, tout sourire et encore tout propre avant d'aller ramoner.























Dimanche : 
Bertrand (qui pourtant voulaient revendre ses coinceurs il y a à peine quelques mois suite à une aventure hasardeuse à Ordesa) et Nicolas s'aventurent en terrain du même nom. Une ligne évidente, zigzaguant entre dièdres, ranfougne, cactus, pente herbeuse, jardins et gros arbres pour les relais. Vous l'avez sûrement deviné : ils sont partis dans « la voie du CAF »

Il est probable que la presse  locale (si on l'avait aidée un petit peu) aurait titré : "Des BECistes dans la voie du CAF". Elle aurait même sûrement précisé que la journée s'était terminée par un « verre de l'amitié » pris « en toute convivialité ».
Malheureusement personne ne l'a avertie.Tant pis pour la gloire locale !

Toujours est-il qu'ils en sont ressortis contents et rassurés quant au fait de n'avoir pas vendu lesdits coinceurs.




L'autre cordée reverra ses projets initiaux par crainte de passer une journée sur la plancha corse et ira couenner à proximité et surtout à l'ombre.

La Vacca comme si vous y étiez : avant, dedans, dedans, après.


Lundi : 
Transhumance Ajaccio - Bavella. On finit la journée en faisant 2 équipes : une équipe « bières-repos-ragots » et une équipe « canyon ».

Bertrand et moi sommes de la deuxième.
Nous descendons la Vacca. Sympatoche.
Mardi : Nous on « fait de l'escalade, Pierre ! De l'escalade ! »
Présentons succinctement Bavella (prononcez Bavelle) : Il y a fort à parier que même l'observateur le plus distrait parviendrait à faire la différence cette destination et une autre falaise emblématique pour nous autres corréziens : Cornil.

La première différence marquante est l'approche. Si les équipeurs corréziens se sont donnés un peu de mal pour aménager et pour soigner l'accessibilité de leur site, il n'en est pas de même pour ces branleurs de corses. Résultat : des approches de sanglier avec (presque) autant de dénivelé que de distance parking/voie, le tout dans un maquis pardonnant mal les errances.

Soyons justes, les corses ont fait leur possible pour guider les continentaux : Ils ont empilé des cailloux. Du coup le corrèzien en vadrouille réinvestit ses compétences de chasseur de champignons et se fait chasseur de cairns. Le premier problème, comme dit le topo, « c'est qu'il y a cairn et cairn, allant du gros amoncellement immanquable, au caillou unique posé en évidence mais loin d'être évident.
Le second problème, c'est qu'il y a :
  • Les cairnophobes qui n'en mettent jamais ou qui détruisent allègrement les existants en disant que puisque eux savent, les autres n'ont qu'à savoir... Et puis se perdre fait partie de l'aventure.
  • Les cairnophiles qui construisent ce que les premiers ont détruit. (Ils comptent dans leurs rangs quelques bâtisseurs anonymes capables de chefs-d’œuvre).
  • Et puis il y a les parasiteurs, souvent des gamins qui trouvent bien marrant de faire tenir des pierres en équilibre. Alors ils en font un, deux , trois...
  • Enfin il y a les taquins qui bâtissent des cairns si beaux si attirants qu'on ne peut s'empêcher de les suivre... vers une fausse route. Car ils ont été mis à dessein.
Sans oublier tous les autres cairns, utiles ou non. Ceux des sentiers de chasseurs , des postes à sanglier, ceux qui indiquent une source... et tous ceux dont on ne sait plus ce qu'ils indiquent. En fait , il y a toujours un cairn quelque part, le tout c'est de trouver le bon ! »
Signalétique corse
Tout ça pour dire que la marche d'approche de notre projet du mardi s'est « sensiblement » allongée.

Le projet en question : Mimi : 8 longueurs  -6C+ max - 6a+ oblig– terrain d'aventure partiel –
Traduction quentinienne : «  Non, mais le 6C sera pitonné. C'est TD ! pas ED ! »
Rassurés par son expérience et ses certitudes infaillibles, nous y partons tous les 4. L'orientation sud-est nous impose de ne pas partir trop tôt pour éviter de cuire toute la journée.
Départ de la voiture vers 11h30 + 2h d'approche (de sanglier) + près d'une heure d’errements dans le maquis : nous entamons la voie facilement après 14h.

Jeu n°1: Trouver les coinceurs !

Question grimpette, rien à redire :
Voie superbe sur un caillou « tafonisant » à souhait. Ici encore, les comparaisons avec Cornil ne renseignent que très partiellement sur l'esthétique du caillou et de l'escalade corses.



safety first !

Jeu n° 2 chercher le grimpeur !

Notre plus gros Friend. (S'adapte à beaucoup de fissures)



Au final, dans cette superbe voie en terrain d'aventure partiel, on a vu 3 goujons... soit 2 relais. Pas de quoi ébranler les certitudes "quentiniennes" mais suffisamment pour renforcer ses préjugés sur le courage des travailleurs corses...






La dernière longueur de Mimi dans laquelle nous ne 
sommes pas allés. Ça avait l'air chouette. Comme
 le gars du topo me ressemble, on la passe 
l'air de rien sur le blog.













On est malheureusement arrivés un peu tard au pré-sommet pour faire la dernière longueur et comme Pierre ne faisait pas parti de l'expédition, nous avons prudemment (mais à contre cœur) opté pour la redescente de jour.









La descente en rappel se fait dans une autre voie. Elle commence au mieux : 2 goujons inox, 2 plaquettes toujours en inox, mais seulement un écrou... (Bon, inox quand même)
La descente se passe à merveille :

  • Première longueur : le rappel est splendide, l'ambiance fantastique... La corde se coinçouille dans les tafonis. Mais rien de bien méchant.

  • Deuxième rappel : La corde est légèrement trop courte (2m) ce qui oblige à de savantes acrobaties pour rejoindre entiers le relais. 
  • Troisième rappel : On monte d'un cran. Croyant gagner en efficacité, j'installe rapidement la corde... Les 3 autres participeront patiemment au détricotage des nouilles qui suivra... Puis, je me lance à l'aplomb sans pouvoir voir l'extrémité de la corde. 40 m plus bas le constat s'impose : pas de relais et facilement 30 m avant d'arriver au sol... Et un naufragé ! Un !
Le vent et le relief aidant , la communication visuelle et sonore est bien sûr impossible. Après cinq bonnes minutes à hurler sans se comprendre, Nico pose la deuxième corde... bien plus à gauche... dans la vraie ligne de rappel et parvient enfin… à 4 m du sol. Grrrr. 


Précision utile : La luminosité avait déjà fortement baissée. 
Bertrand suit Nico, s'arrête à mi hauteur et assure la liaison entre le naufragé et Nicolas resté en haut. Une astucieuse manip est tentée : Chris va se vacher sur un des 2 brins de son rappel et Nicolas le moulinera. Question ambiance, on est toujours dans le vent avec de moins en moins de lumière et surtout une communication impossible entre les 2 sujets concernés. J'avoue avoir eu quelques sueurs froides en abandonnant mon sort (descente en fil d'araignée) à un secouriste qui pouvait facilement m'assurer sur le mauvais brin.

Il restait toujours Bertrand à mi-hauteur et Nicolas au relais. La nuit rendant la désescalade des 4 derniers mètres plus que risquée, on fractionne la dernière longueur sur un point. Ultime manip hasardeuse qui permet à tout le monde de se retrouver au pied de la voie dans des conditions "choliniennes" : sains et saufs, mais à la nuit et à plus de 2h de maquis de la voiture.

Le hasard ayant placé par inadvertance une frontale dans le sac de Nico, et la modernité un smartphone dans les mains de Nicolas et un appareil-photo-qui-fait-de-la-lumière-en-mode-vidéo dans celles de Bertrand nous permettent d'entamer la « descente » de retour dans des conditions presque optimales...

Passons sur les gorges sèches depuis 3h, les errements inévitables, la chasse aux cairns, les demis tours, les 3 rappels nocturnes dans la canole, les constats amusés de voir des frontales dans le maquis d'en face et on arrive à la voiture, puis au village de Zonza où, oh joie ! l'auberge du sanglier était encore ouverte. L'arrêt Pietra est décidé à l'unanimité :
Un « verre de l'amitié » pris « en toute convivialité » !
En fait non... On a presque rien dit... On pensait à Pierre ... Il était 23h25.


La suite du séjour est plus classique. Malheureusement pour les anecdotes, il ne nous est pas arrivé d'autres mésaventures aussi réjouissantes.

Mercredi
Canyon pour Nicolas et moi : la Purcacciara.














      Un mix de 2 voies : U Haddad et Omerta pour
      Nico et Bertand.



Bertrand dans les tafonis de U Habbad

RAS sauf de la satisfaction dans chaque équipe.


Jeudi :
jeu n°3 : Que faire lorsqu'on a pris un but et que la 2ème cordée
n'est pas prête d' arriver ?
Nico et Bertrand partent dans le Bloc rouge... Rebaptisable « le but rouge » ou « Nico voit rouge, se perd dans du caillou moussu sans ligne évidente, puis redescend ». La glorieuse cordée Quentin/Bugel finira la journée en empilant des cailloux, s'essayant ainsi à signalétique locale.


 

Chris dans Linéa d'ombra, pendant que Bertrand
empilait des cailloux et que Nico triait son matos...







    De notre côté, la voie choisie : Linéa d'ombra était
    enchanteresse.



Vendredi
Nico : « Bon Chris , tu vas quand même faire une vraie voie cette semaine ! »
Nou partons donc dans Aqua in bocca (eau dans la bouche : motus et bouche cousue, après Omerta ça coulait de source ! )







Jeu n°4 Trouver les prises.
Comme son nom l'impose, on passera sous silence mes remises en question. Il faut dire que l’infâme 6C en laminoir (grosse fissure), et à la découverte de l'escalade à 4 pattes où on remplace des non-prises de mains par des prises de pieds inexistantes m'ont un peu chahuté. Histoire de se faire des émotions dans de « la dalle à pédés », les points sont mis tous les … 8 m. Et pas la peine non plus de chercher un bac pour mousquetonner.

Heureusement Sage-l'Ancien assume son rôle de chef et se charge de ses longueurs (de m...)

Jeu 4 bis : idem
(pour ceux qui pensaient être trop loin pour les voir)
Après réflexion (enfin après retour au sol et visionnage des photos) ce n'étaient certainement pas des longueurs de m... mais des longueurs très déstabilisantes et demandant des équilibres et des adhérences... d'un autre temps. (Un temps que les cadets de Sage-l'ancien ne peuvent pas connaître).

Sur la route du retour :
De quoi donner des envies de baignade même au plus réticent.

Pour finir, on a passé le samedi à Bastia, à visiter la ville, très aimablement guidés par des copains de Bertrand.
 
Bastia, vue par Bertrand
Mais les meilleures choses ont une fin et il faut dire que malgré tous les charmes de l'ile de beauté, les corrèziens qui se respectent, supportent mal l'éloignement d'avec notre Bavella à nous : Cornil (Cornella en corse).

Retour aux sources


C'est donc enthousiastes et le cœur léger que nous avons repris le bateau avec en ligne de mire, devinez quoi...

 
Chris








Pour le futur calendrier du club. Thématique : gay et falaisiste

2 commentaires:

  1. C'est vrai que les photos sont pas dégueu !! Elles excusent les commentaires malicieux... mais bon, Chris n'a pas la grosse tête, la preuve : son bandeau corse n'est pas serré.

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  2. très bon! Y'en a qui ont du temps...

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